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Terres éduennes
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21 août 2008

Fêtes de la Vivre

VivreDans bon nombre de légendes françaises, la Vouivre ou Vivre désigne un animal fantastique, un grand serpent souterrain associé au monde des eaux. Le terme se trouve aussi fréquemment dans la toponymie française, particulièrement en Bourgogne qui en concentre la plus grande part, ainsi en Saône-et-Loire, La Pierre de la Wivre, ou encore, dans la Nièvre, près du Mont Beuvray, l'ancienne Bibracte, le Theurot de la Wivre.

On a longtemps rattaché ce terme au latin vipera, la vipère, mais l'on sait aujourd'hui que Vouivre et ses équivalents remontent à un vocable celtique, wobera, lui-même issu d'une racine indo-eurpéenne bher-, "ondoyer", "couler". Dans les légendes françaises, la Vivre est un grand serpent, ou un animal à queue de serpent, se déplaçant sous terre, à la manière des eaux souterraines, mais souvent associé à un trésor, gardé de la convoitise des hommes. Les récits mettent souvent en scène les péripéties de ceux qui tentent de s'en emparer. Il en existe de nombreuses variantes en Bourgogne, mais aussi en Franche-Comté, dans le Centre et en Suisse, c'est-à-dire dans les pays les plus anciennement et les plus profondément celtisés de la Gaule. L'association "Couches et son passé" propose en ligne une petite recension des légendes bourguignonnes de la Vouivre.

Or, la mythologie celtique accorde une place tout à fait particulière au serpent, associé au monde chtonien (souterrain), à la terre féconde et nourricière, à ce bienfait du cosmos que représentent les eaux qui sillonnent les roches avant de jaillir et de permettre à la vie végétale et animale de s'épanouir. De nombreux reliefs gallo-romains montrent des divinités associés à des êtres serpentiformes, dont la valeur, on l'aura compris, était bienfaitrice et protectrice. Les légendes sur la Vouivre/Vivre, spécifiques aux pays francophones de l'ancienne Gaule, sont de toute évidence un héritage de cette ancienne conception celtique du serpent, du sous-sol et de l'eau.

cernunnos

Sur le chaudron de Gundestrup, élaboré par des Celtes au IIème siècle av. J.-C., le dieu cornu Cernunnos tient dans sa main droite un torque, attribut aristocratique celte, dans sa main gauche un long serpent. Le dieu, souvent accroupi, en contact immédiat avec le sol, est lié au monde chtonien dont est issu le serpent.

Ce n'est que bien plus tard, sous l'influence de l'Eglise catholique, que le serpent sera associé à l'idée de mal, comme d'ailleurs l'ensemble du monde souterrain. Les mythes et légendes issus de notre tradition celtique furent alors contaminés par cette nouvelle conception, et la Vouivre apparaît souvent comme un être malfaisant ; pourtant, de sa fonction bienfaitrice, subsiste l'association au trésor et à la richesse. Dans le même temps, le terme de Vivre ou Vouivre, qui dans de nombreux dialectes régionaux désignait le serpent, était peu à peu abandonné pour ce dernier terme, issu du latin.

Dans notre région, cette tradition est encore très vivante, les récits connus et transmis. Elle donne lieu également, tous les vingt ans, dans le bourg de Couches, entre Autun et Chalon-sur-Saône, à une grande fête de tradition médiévale, dont l'objet est de rappeler à tous la légende locale de la Vivre, vaincue par Yoata le magicien, en évocant la vie de nos ancêtres du Moyen-âge. Une fête grandiose, qui attire plusieurs dizaines de milliers de personnes, avides de redécouvir leurs traditions et de recevoir cet héritage.

Cette année, les Fêtes de la Vivre de Couches ont lieu les samedi 23, dimanche 24 et lundi 25 aôut. Le samedi sera consacré à une reconstitution du mariage de Philippe le Hardy et de Marguerite de Flandre. Le deuxième jour verra les métiers et inventions du Moyen-âge défiler dans les rues, pour ainsi rappeler le génie de ceux qui nous ont précédé. Enfin, le lundi verra la Vivre disparaître dans le bûcher jusqu'aux prochaines célébrations, en 2028 !

Pour plus de détails pratiques, se reporter au site officiel de Couches.

Pour une belle évocation de la tradition et du patrimoine de Couches, voir la Boutique à Jacques.

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